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Ferri : l’approche multifactorielle de la délinquance
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Ferri : l’approche multifactorielle de la délinquance
Sociologie criminelle
par Mohamed Jahah, dimanche 11 décembre 2011, 22:02 ·
Ferri : l’approche multifactorielle de la délinquance
Sa grande œuvre : la sociologie criminelle, ce qui montre que Ferri a une approche assez sociologique de la délinquance.
Pour Ferri, il y a un ensemble de causes qui mènent au passage à l’acte du délinquant. Il distingue 3 grandes causes : anthropologiques, physiques, sociales :
- les causes anthropologiques : il prend en considération la constitution organique d’un individu et sa constitution psychique (sa personnalité).
- les causes physiques : il parle des conditions « naturelles » (climat, saison, conditions atmosphériques,…). Ferri affirmera entre autre que, dans les pays du Sud, on fait surtout face à des crimes de sang alors que, dans les pays du Nord, on fait surtout face à des crimes de biens.
- les causes sociales : c’est une nouveauté par rapport à Lombroso et à Garofalo. Il considère ici les conditions économiques, les conditions législatives, la démographie, les causes politiques, la religion, l’éducation,…
L’école positiviste italienne part du constat que la criminalité augmente et que c’est d’ailleurs pour ça que le système pénal n’est pas fonctionnel. Or, les causes anthropologiques et les causes physiques ne connaissent pas de variation, ou seulement une variation très faible selon les époques au sein d’une même région.
Il dit que si la criminalité augmente, c’est parce que les causes sociales se détériorent.
A partir de ce constat, il affirmera que l’on est face à une loi de saturation criminelle, c’est-à-dire que dans un milieu social donné, avec des conditions individuelles (anthropologiques et physiques) données, il se commet un nombre déterminé de délits (pas un de plus, pas un de moins !)
Il va distinguer plusieurs catégories de criminels :
- le criminel-fou : qui est atteint de folie morale (proche du criminel atavique de Lombroso).
- le criminel-né : tel que Lombroso le conçoit.
- le criminel d’habitude : chez qui les causes anthropologiques sont moins affirmées que chez le criminel-né et qui fait de la délinquance sa profession. Il est relativement irrécupérable.
- le criminel occasionnel : c’est celui qui est le plus déterminé par les causes sociales de la délinquance.
Si on veut faire diminuer la criminalité, il faut agir sur les criminels occasionnels. Et, puisqu’ils sont essentiellement déterminés par les causes sociales du passage à l’acte, pour agir sur la criminalité, il faudra principalement agir sur les causes sociales.
Il considère l’organisation politique dans les causes sociales et il affirmera entre autre que pour faire diminuer les meurtres, il faudrait introduire le divorce dans la législation, car, au 19ème siècle, le divorce n’est pas autorisé et si des personnes qui vivent ensemble se détestent et ne peuvent pas se séparer légalement, et bien ils vont se tuer.
Donc, faire des changements législatifs peut avoir des conséquences sur le nombre de délits ou de crimes commis dans une société.
L’action sur les causes sociales, c’est ce que Ferri appelle les substitutifs pénaux. Donc, toutes les réformes sociales que l’on peut introduire dans une société, c’est ce qu’il appelle la théorie des substitutifs pénaux. Ces réformes se substituent à la loi pénale pour un certain nombre de délits. La loi pénale doit continuer d’exister mais il l’envisage d’une autre façon.
Pour les criminels des autres catégories, il dit qu’agir sur les causes sociales ne changera rien puisque ce ne sont pas les causes sociales qui déterminent leur passage à l’acte, mais bien les causes organiques. Il dit que, pour ceux-là, il faut que la réaction sociale se fasse en fonction de la dangerosité des criminels (pas en fonction de leur responsabilité individuelle). Cette réaction sociale servira à protéger la vie sociale et la collectivité. Ce que le juge devra faire, c’est juger si on peut imputer la faute à la personne qui l’a commise.
Il faut mesurer la dangerosité de l’individu, et cette dangerosité n’est pas calculée en fonction de l’acte commis.
Dans cette approche, on peut donc imaginer qu’un homme qui rentre chez lui, qui trouve sa femme au lit avec un autre homme et qui les tuent tous les deux ne sera considéré comme dangereux car on estimera qu’il y a peu de risques qu’il recommence puisque les deux personnes sont mortes. Alors que quelqu’un qui vole sans arrêt, un cleptomane par exemple, pourra être considéré comme dangereux car il n’est pas considéré comme soignable et qu’il nuit à la collectivité (même si ses actes ne sont pas dangereux en tant que tels)
C’est bien la personnalité du délinquant qui guide la réflexion et la réaction sociale que l’on doit mettre en oeuvre.
La discipline de la criminologie s’est construite sur un postulat de base selon lequel il existe une différence intrinsèque entre criminels et non-criminels. Le but est d’étudier pourquoi certaines personnes deviennent des criminels.
L’école positiviste italienne s’appelle ainsi car elle se base sur des méthodes de science positiviste.
Le positivisme est une démarche qui se veut essentiellement inductive. Par l’observation des faits, on constate certaines choses et on aboutit à la formation d’une théorie universelle.
Tout cela repose sur un postulat épistémologique : ce qu’on observe correspond à la réalité, comme si l’observateur n’avait aucune incidence sur ce processus. Or, ce postulat est remis en question : on n’observe pas la réalité mais une manière de voir la réalité. Cette démarche scientifique est très consensuelle : ce qui existe est légitime parce que c’est là.
Rappelons que le criminel est criminel parce qu’il y a une loi pénale qui a décidé que l’acte qu’il a posé est un crime. Or l’approche positiviste fait abstraction de cette construction. Elle fait comme si le crime existait en tant que telle. On est alors dans le paradigme du fait social brut et c’est ce qu’on appelle le risque de substantialisation : le crime existe, c’est une réalité et il faut l’étudier en tant que tel. Evidemment le crime existe en tant qu’acte, mais il n’existe en tant que crime seulement si une loi pénale le définit comme tel.
Le risque de substantialisation, c’est le risque de dire que le crime existe en tant que tel.
On va chercher à constituer des échantillons de criminels et de non-criminels. On va aller chercher les criminels dans la population pénitentiaire et les non-criminels dans la population non-pénitentiaire, dans les personnes qui n’ont pas de casier judiciaire. Mais il y a un problème puisque tous les délinquants ne sont pas arrêtés et que toutes les personnes en prison ne sont pas forcément coupables.
Si l’on veut étudier un échantillon de criminels en le comparant à un échantillon de non-criminels, on part du principe qu’il y a des différences intrinsèques entre ces personnes puisque c’est ce que on essaie d’étudier.
Si l’on considère que les uns sont les gentils et les autres les méchants, l’attention va être attirée sur ce qui différencie ces personnes et non sur ce qui les rapproche. On va essayer de mettre en avant les différences entre ces deux groupes d’individus.
Cependant, on tourne un peu en rond puisque l’on part du postulat qu’il y a des différences entre ces personnes, on les trouve et on affirme donc qu’il y a des différences. Les résultats de la recherche viennent renforcer le postulat de départ.
2. Exemple d’un déterminisme psychologique :
L’école psycho-morale (principalement causes psychologiques)
Cette école a eu une influence considérable sur la criminologie, en Europe essentiellement.
Elle s’intéresse aux valeurs auxquelles le criminel adhère et à la personnalité de ce même criminel.
On part ici du postulat que tout individu peut, théoriquement, devenir délinquant. Mais puisqu’il y a seulement quelques personnes qui deviennent des criminels, c’est qu’il doit exister quelque chose comme une personnalité criminelle.
La notion centrale de cette école est bien la personnalité criminelle.
Le père fondateur de cette école est Etienne de Greeff (1898-1961). Il est psychologue-criminologue de formation. Il a travaillé une bonne partie de sa vie en milieu pénitencier, où il a pratiqué son métier du clinicien sur des centaines de détenus.
La question qui guide tout son travail est celle-ci : comment arrive-t-on à connaître l’autre sans le réduire à un objet ?
Il va partir de 2 axiomes :
- il existe une identité fondamentale entre les êtres humains sur cette planète (donc, aussi entre le clinicien et le détenu),
- l’autre est aussi différent : il a une manière différente de se positionner au monde, son cadre de référence n’est pas le même.
Le travail du clinicien va être, en ne perdant pas de vue qu’il partage avec l’autre une identité fondamentale, d’arriver au cadre de référence particulier du délinquant. Le devoir du clinicien va donc être de mettre de coté son propre cadre de référence pour réussir à accéder au cadre de référence du délinquant.
C’est en accédant à ce cadre de référence particulier (du délinquant) que je vais réussir à comprendre le sens de son comportement, le sens qu’a pour lui le passage à l’acte. On pourra alors essayer de retravailler ce cadre de référence et faire en sorte qu’il ne passe plus à l’acte.
De Greeff va essayer de savoir comment le délinquant en arrive à avoir un cadre de référence différent.
Il dit : En passant à l’acte, le délinquant a adopté une conduite qui lui a paru être la meilleure réponse possible à la situation. Ce n’est pas un être à part, c’est un être qui, dans la majorité des cas, se comporte comme tout le monde et qui, parfois franchit un seuil qui le classe dans le groupe antisocial.
Pour de Greeff, l’homme, durant toute sa vie, va réagir au milieu et aux personnes qui l’entourent et il va essayer de rechercher le meilleur équilibre possible lui permettant d’être en accord avec lui-même dans cet environnement. Confronté à une souffrance, à une agression, l’homme normal va différer sa réaction spontanée d’agressivité ou de défense parce qu’il est capable de considérer les conséquences de son acte (car il est capable de réfléchir et donc de se projeter dans l’avenir pour voir les conséquences de son acte). Or, il y a des individus qui considèrent que le monde qui les entoure leur est hostile en permanence. Et puisqu’ils vivent ce monde comme étant hostile, ils vivent de profondes injustices en permanence (car chaque acte est vécu comme une agression). Par définition, ils vont réagir de manière agressive. Sans être forcément des criminels, ils révèlent des attitudes criminogènes. Ceux qui voient le monde comme leur étant hostile d’une manière permanente vont être plus facilement tentés de réagir à ce monde hostile d’une manière agressive. Et, petit à petit, ils vont changer de cadre de référence.
Le cadre de référence se transforme. La personnalité criminelle n’est pas quelque chose d’acquis dès le départ! C’est quelque chose qui se construit. Ils ont, au départ, un cadre de référence relativement commun à celui des autres personnes. Mais ce cadre se transforme car ces personnes se sentent en permanence agressées par les autres et ils vont, à partir de là, développer un nouveau cadre de référence, qui est une réponse à cette agression permanente.
Le nouveau cadre de référence va se construire par étapes :
- l’individu/la personnalité criminelle se désintéresse de plus en plus des conséquences des actes qu’il pose
- il y a aussi un désintérêt pour les autres (les victimes)
Ces deux points mènent à une transformation du moi, donc du cadre de référence. C’est ce nouveau cadre de référence que le clinicien doit découvrir.
De Greeff dira qu’il ne faut plus considérer le délinquant comme une personne qui se laisse aller mais comme une personne qui trouve dans ce comportement son meilleur équilibre (c’est d’ailleurs ce qui est grave).
L’individu criminel ne peut faire autrement. Son comportement est la solution la plus adéquate qu’il ait trouvé pour lui-même pour maintenir un équilibre interne. Le clinicien va devoir découvrir le cadre de référence du délinquant pour essayer de le comprendre et de travailler au dépassement de ce cadre de référence.
Jean Pinatel (1913-1999)
Pour lui, l’examen médico-psychologique est la clé de voûte de la criminologie.
Cet examen fournit les informations de base pour le traitement du délinquant en vue de sa réinsertion sociale.
Puisqu’il existe une personnalité criminelle, il s’agit de découvrir les traits psychologiques qui sous-tendent le passage à l’acte du délinquant.
L’octalogue de Pinatel :
la criminologie clinique étudie le passage à l’acte
le criminel se différencie du non-criminel parce qu’il a une aptitude particulière à passer à l’acte
cette aptitude est à relier avec la personnalité criminelle
cette personnalité criminelle, ce sont les traits psychologiques qui se différencient en un noyau dur et en variables
il y a un noyau central : l’égocentrisme, la labilité, l’agressivité et l’indifférence affective
le noyau central gouverne le passage à l’acte
les variables vont influencer les modalités d’exécutions de ce passage à l’acte
la personnalité criminelle est une structure dynamique (ce n’est pas une donnée)
Pinatel va étudier le noyau central :
- l’égocentrisme : référence continue à soi, non prise en compte de l’autre. Il dit : ‘un sujet égocentrique réagira à la frustration par la colère, la jalousie, l’envie. Il tend à rendre sa faute légitime en dévalorisant les autres et les lois. C’est la source de l’auto-légitimation (puisqu’il ne se sent pas coupable, il va recommencer).
- la labilité : c’est l’incapacité de prévoyance. Je n’arrive pas à savoir de quoi demain sera fait. Je vis au jour le jour. C’est le principe du plaisir qui domine celui de la réalité.
- l’agressivité : elle est due à la frustration. Elle est nécessaire au passage à l’acte. Elle est une source d’énergie soutenue.
- l’indifférence affective : consiste en une dévalorisation de l’autre, indifférence à l’égard de la victime et diminution de la victime. Si cette condition n’existe pas alors que les autres conditions sont remplies, il n’y aura pas passage à l’acte. Ce point est l’élément central du passage à l’acte et de la personnalité criminelle.
Récapitulatif :
On reste dans le déterminisme. Il y a une personnalité criminelle qui a des traits caractéristiques mais que l’on est quand même capable de changer (sinon le traitement ne servirait à rien). Ce n’est donc pas un déterminisme absolu. On peut soigner les criminels afin de les remettre sur un droit chemin.
Cet examen médico-psychologique qui, pour Pinatel, est la clé de voûte de la criminologie va réellement constituer un point de rencontre entre la criminologie des années 50 jusqu’aux années 70. Cette criminologie fait un examen médico-psychologique (qui est l’idéal de traitement et l’idéal de réhabilitation). Cet examen est utile dans le système pénal car les criminologues vont pouvoir dire aux juges qu’ils peuvent, grâce à celui-ci, identifier les vrais criminels des faux criminels et que l’on peut faire en sorte de les réhabiliter (en évitant qu’ils récidivent).
Le déterminisme sociologique
v l’école de Chicago (1915-1940)
On se trouve dans une approche sociologique de la déviance (en Europe, à la même époque, on est dans une approche psychologique de la délinquance).
Le concept central de cette première école de Chicago est la désorganisation sociale.
Pour les sociologues américains, le délinquant n’est pas déterminé dans son corps et/ou dans son âme mais bien en fonction de son inscription particulière dans le système social, dans la société.
C’est une école de sociologie urbaine. Cette sociologie est née à Chicago parce que, à cette époque, la ville était confrontée un certain nombre de transformations massives dans un laps de temps très court : une industrialisation énorme, une urbanisation croissante et une immigration importante. En 10 ans, la population de Chicago passe de 1 million à 5 millions. Cela provoque un certain nombre de désordres sociaux.
Les sociologues de l’école de Chicago vont donc particulièrement travailler sur la désorganisation sociale.
Notons qu’au 19ème siècle, le mouvement le plus important était l’eugénisme, et les sociologues de l’école de Chicago vont s’insurger contre ce genre de conception et vont aller chercher, dans les transformations sociales de Chicago, des explications au taux de délinquance auquel cette ville est confrontée.
La désorganisation sociale survient lorsque les individus sont confrontés à des changements très rapides (en gros, lorsque les conduites des individus ne correspondent plus aux valeurs collectives du groupe social auquel ils appartiennent).
La désorganisation sociale entraîne une perte d’influence des règles sociales sur l’individu et cela a deux conséquences :
- la déviance
- un mouvement vers une réorganisation
v Park et Burgess
Ils vont comparer la ville (avec ses habitants) à l’écologie animale, c’est-à-dire : comment différentes espèces cohabitent-elles ? Ils diront : dans la nature, il y a un ensemble d’espèces qui cohabitent les unes avec les autres dans une organisation assez symbiotique (la symbiose : chacun à sa place, les uns mangent les autres,…). On a affaire à une organisation qui fonctionne et, quand on introduit dans cette nature une nouvelle espèce, on a affaire à une désorganisation, c’est le désordre et, petit à petit, on retrouvera un nouvel équilibre, une nouvelle symbiose et une nouvelle organisation.
On postpose ce raisonnement tel quel aux nouveaux arrivants immigrés qui arrivent et désorganisent la société dans laquelle ils arrivent. Petit à petit, la ville va se réorganiser et trouver une nouvelle symbiose.
Vivre en société nécessite un minimum d’ordre et d’organisation sociale, sinon c’est l’anarchie. La symbiose sociale va se recréer à chaque fois avec les nouveaux éléments qui la composent et va permettre aux uns de vivre en harmonie avec les autres. La nouvelle symbiose est donc différente de l’ancienne puisque composée de nouveaux éléments.
v Shaw et Mc Kay
Le grand cercle représente Chicago. Ils constatent qu’il y a tranches différentes au sein de la population. Au centre de la ville : les gens n’y vivent pas mais viennent y travailler. Dans le premier quartier résidentiel, on trouve la classe moyenne. Dans le deuxième quartier résidentiel, on trouve la classe riche. Entre le centre-cille et le premier quartier résidentiel se trouve un autre quartier où viennent s’installer tous les nouveaux arrivants (principalement parce qu’ils n’ont pas accès aux autres quartiers). Ce sont des quartiers typiquement construits avec un habitat complètement détérioré où se mêle un ensemble de populations nouvellement arrivées et où l’on trouve un taux de délinquance très élevé. La population y est très mobile : dès que les gens ont les moyens de partir, ils partent. Mais le taux de délinquance reste le même. Ce n’est donc pas lié aux individus mais aux caractéristiques sociales de ces quartiers (car c’est là que le taux de délinquance reste le plus élevé). Ils vont également affirmer que les comportements déviants, qui sont liés entre autre au fait qu’il n’y a pas de contrôle social développé dans ces quartiers (puisque y habitent un ensemble de communautés qui se côtoient mais ne vivent pas réellement ensemble), sont positifs puisqu’ils permettent entre autre d’acquérir de la richesse qui permettra de changer de quartier dès que l’on sera assez riche. Ils voient ça comme un mode d’adaptation à des conditions sociales particulières, mode d’adaptation qu’ils voient d’une manière positive puisque c’est une manière de répondre adéquatement à des problèmes sociaux spécifiques.
v Trascher
Il adopte le même raisonnement en étudiant les gangs délinquants. Sa démarche est surtout qualitative. Il va étudier 1313 gangs (qui regroupent plus ou moins 25000 jeunes) dans les années 20.
Il remarque que les gangs se situent principalement dans la zone où le taux de délinquance est le plus élevé.
Pour lui, l’origine du gang est :
- spontanée : les jeunes se rencontrent dans la rue, traînent ensemble,… Ce n’est pas l’ethnie qui constitue le fondement du gang mais plutôt l’appartenance à un même pâté de maison
- territoriale : les membres du gang vont donc défendre leur territoire contre l’invasion d’intrus, d’autres gangs.
Il parle d’une sous-culture délinquante, qui a ses propres valeurs, ses propres règles et ses propres normes. Par exemple, dans un gang, le vol est vu comme une incitation sportive. Il s’agit donc bien d’une organisation sociale, et pas d’une désorganisation sociale! Cette organisation sociale est spontanée et se construit en marge de l’organisation sociale traditionnelle. C’est parce qu’ils se construisent en marge de l’organisation sociale traditionnelle que l’on voit ces gangs comme des groupes désorganisés, mais ils sont en fait très organisés. Les règles sont à respecter au sein du gang.
Ces formes de sociabilité sont cependant incompatibles avec le reste de la société (ses institutions, ses traditions, ses coutumes).
Trascher voit la déviance, qui est la clé de voûte des gangs, comme un mode d’adaptation remarquable car il y a une organisation dans la désorganisation.
Trascher considère cette désorganisation sociale comme une organisation sociale alternative. On aboutira, grâce à ça, aux théories culturalistes selon lesquelles chaque culture a sa propre organisation.
Notons bien que, dans ces théories du déterminisme sociologique, les délinquants ne sont pas considérés comme différents des autres personnes. Ils n’ont juste pas eu de chance dans la manière dont ils doivent composer avec les différentes dimensions de la société.
On est cependant bien dans une approche déterministe puisque l’on explique la délinquance par le fait que ces individus sont déterminés par leur vie sociale.
par Mohamed Jahah, dimanche 11 décembre 2011, 22:02 ·
Ferri : l’approche multifactorielle de la délinquance
Sa grande œuvre : la sociologie criminelle, ce qui montre que Ferri a une approche assez sociologique de la délinquance.
Pour Ferri, il y a un ensemble de causes qui mènent au passage à l’acte du délinquant. Il distingue 3 grandes causes : anthropologiques, physiques, sociales :
- les causes anthropologiques : il prend en considération la constitution organique d’un individu et sa constitution psychique (sa personnalité).
- les causes physiques : il parle des conditions « naturelles » (climat, saison, conditions atmosphériques,…). Ferri affirmera entre autre que, dans les pays du Sud, on fait surtout face à des crimes de sang alors que, dans les pays du Nord, on fait surtout face à des crimes de biens.
- les causes sociales : c’est une nouveauté par rapport à Lombroso et à Garofalo. Il considère ici les conditions économiques, les conditions législatives, la démographie, les causes politiques, la religion, l’éducation,…
L’école positiviste italienne part du constat que la criminalité augmente et que c’est d’ailleurs pour ça que le système pénal n’est pas fonctionnel. Or, les causes anthropologiques et les causes physiques ne connaissent pas de variation, ou seulement une variation très faible selon les époques au sein d’une même région.
Il dit que si la criminalité augmente, c’est parce que les causes sociales se détériorent.
A partir de ce constat, il affirmera que l’on est face à une loi de saturation criminelle, c’est-à-dire que dans un milieu social donné, avec des conditions individuelles (anthropologiques et physiques) données, il se commet un nombre déterminé de délits (pas un de plus, pas un de moins !)
Il va distinguer plusieurs catégories de criminels :
- le criminel-fou : qui est atteint de folie morale (proche du criminel atavique de Lombroso).
- le criminel-né : tel que Lombroso le conçoit.
- le criminel d’habitude : chez qui les causes anthropologiques sont moins affirmées que chez le criminel-né et qui fait de la délinquance sa profession. Il est relativement irrécupérable.
- le criminel occasionnel : c’est celui qui est le plus déterminé par les causes sociales de la délinquance.
Si on veut faire diminuer la criminalité, il faut agir sur les criminels occasionnels. Et, puisqu’ils sont essentiellement déterminés par les causes sociales du passage à l’acte, pour agir sur la criminalité, il faudra principalement agir sur les causes sociales.
Il considère l’organisation politique dans les causes sociales et il affirmera entre autre que pour faire diminuer les meurtres, il faudrait introduire le divorce dans la législation, car, au 19ème siècle, le divorce n’est pas autorisé et si des personnes qui vivent ensemble se détestent et ne peuvent pas se séparer légalement, et bien ils vont se tuer.
Donc, faire des changements législatifs peut avoir des conséquences sur le nombre de délits ou de crimes commis dans une société.
L’action sur les causes sociales, c’est ce que Ferri appelle les substitutifs pénaux. Donc, toutes les réformes sociales que l’on peut introduire dans une société, c’est ce qu’il appelle la théorie des substitutifs pénaux. Ces réformes se substituent à la loi pénale pour un certain nombre de délits. La loi pénale doit continuer d’exister mais il l’envisage d’une autre façon.
Pour les criminels des autres catégories, il dit qu’agir sur les causes sociales ne changera rien puisque ce ne sont pas les causes sociales qui déterminent leur passage à l’acte, mais bien les causes organiques. Il dit que, pour ceux-là, il faut que la réaction sociale se fasse en fonction de la dangerosité des criminels (pas en fonction de leur responsabilité individuelle). Cette réaction sociale servira à protéger la vie sociale et la collectivité. Ce que le juge devra faire, c’est juger si on peut imputer la faute à la personne qui l’a commise.
Il faut mesurer la dangerosité de l’individu, et cette dangerosité n’est pas calculée en fonction de l’acte commis.
Dans cette approche, on peut donc imaginer qu’un homme qui rentre chez lui, qui trouve sa femme au lit avec un autre homme et qui les tuent tous les deux ne sera considéré comme dangereux car on estimera qu’il y a peu de risques qu’il recommence puisque les deux personnes sont mortes. Alors que quelqu’un qui vole sans arrêt, un cleptomane par exemple, pourra être considéré comme dangereux car il n’est pas considéré comme soignable et qu’il nuit à la collectivité (même si ses actes ne sont pas dangereux en tant que tels)
C’est bien la personnalité du délinquant qui guide la réflexion et la réaction sociale que l’on doit mettre en oeuvre.
La discipline de la criminologie s’est construite sur un postulat de base selon lequel il existe une différence intrinsèque entre criminels et non-criminels. Le but est d’étudier pourquoi certaines personnes deviennent des criminels.
L’école positiviste italienne s’appelle ainsi car elle se base sur des méthodes de science positiviste.
Le positivisme est une démarche qui se veut essentiellement inductive. Par l’observation des faits, on constate certaines choses et on aboutit à la formation d’une théorie universelle.
Tout cela repose sur un postulat épistémologique : ce qu’on observe correspond à la réalité, comme si l’observateur n’avait aucune incidence sur ce processus. Or, ce postulat est remis en question : on n’observe pas la réalité mais une manière de voir la réalité. Cette démarche scientifique est très consensuelle : ce qui existe est légitime parce que c’est là.
Rappelons que le criminel est criminel parce qu’il y a une loi pénale qui a décidé que l’acte qu’il a posé est un crime. Or l’approche positiviste fait abstraction de cette construction. Elle fait comme si le crime existait en tant que telle. On est alors dans le paradigme du fait social brut et c’est ce qu’on appelle le risque de substantialisation : le crime existe, c’est une réalité et il faut l’étudier en tant que tel. Evidemment le crime existe en tant qu’acte, mais il n’existe en tant que crime seulement si une loi pénale le définit comme tel.
Le risque de substantialisation, c’est le risque de dire que le crime existe en tant que tel.
On va chercher à constituer des échantillons de criminels et de non-criminels. On va aller chercher les criminels dans la population pénitentiaire et les non-criminels dans la population non-pénitentiaire, dans les personnes qui n’ont pas de casier judiciaire. Mais il y a un problème puisque tous les délinquants ne sont pas arrêtés et que toutes les personnes en prison ne sont pas forcément coupables.
Si l’on veut étudier un échantillon de criminels en le comparant à un échantillon de non-criminels, on part du principe qu’il y a des différences intrinsèques entre ces personnes puisque c’est ce que on essaie d’étudier.
Si l’on considère que les uns sont les gentils et les autres les méchants, l’attention va être attirée sur ce qui différencie ces personnes et non sur ce qui les rapproche. On va essayer de mettre en avant les différences entre ces deux groupes d’individus.
Cependant, on tourne un peu en rond puisque l’on part du postulat qu’il y a des différences entre ces personnes, on les trouve et on affirme donc qu’il y a des différences. Les résultats de la recherche viennent renforcer le postulat de départ.
2. Exemple d’un déterminisme psychologique :
L’école psycho-morale (principalement causes psychologiques)
Cette école a eu une influence considérable sur la criminologie, en Europe essentiellement.
Elle s’intéresse aux valeurs auxquelles le criminel adhère et à la personnalité de ce même criminel.
On part ici du postulat que tout individu peut, théoriquement, devenir délinquant. Mais puisqu’il y a seulement quelques personnes qui deviennent des criminels, c’est qu’il doit exister quelque chose comme une personnalité criminelle.
La notion centrale de cette école est bien la personnalité criminelle.
Le père fondateur de cette école est Etienne de Greeff (1898-1961). Il est psychologue-criminologue de formation. Il a travaillé une bonne partie de sa vie en milieu pénitencier, où il a pratiqué son métier du clinicien sur des centaines de détenus.
La question qui guide tout son travail est celle-ci : comment arrive-t-on à connaître l’autre sans le réduire à un objet ?
Il va partir de 2 axiomes :
- il existe une identité fondamentale entre les êtres humains sur cette planète (donc, aussi entre le clinicien et le détenu),
- l’autre est aussi différent : il a une manière différente de se positionner au monde, son cadre de référence n’est pas le même.
Le travail du clinicien va être, en ne perdant pas de vue qu’il partage avec l’autre une identité fondamentale, d’arriver au cadre de référence particulier du délinquant. Le devoir du clinicien va donc être de mettre de coté son propre cadre de référence pour réussir à accéder au cadre de référence du délinquant.
C’est en accédant à ce cadre de référence particulier (du délinquant) que je vais réussir à comprendre le sens de son comportement, le sens qu’a pour lui le passage à l’acte. On pourra alors essayer de retravailler ce cadre de référence et faire en sorte qu’il ne passe plus à l’acte.
De Greeff va essayer de savoir comment le délinquant en arrive à avoir un cadre de référence différent.
Il dit : En passant à l’acte, le délinquant a adopté une conduite qui lui a paru être la meilleure réponse possible à la situation. Ce n’est pas un être à part, c’est un être qui, dans la majorité des cas, se comporte comme tout le monde et qui, parfois franchit un seuil qui le classe dans le groupe antisocial.
Pour de Greeff, l’homme, durant toute sa vie, va réagir au milieu et aux personnes qui l’entourent et il va essayer de rechercher le meilleur équilibre possible lui permettant d’être en accord avec lui-même dans cet environnement. Confronté à une souffrance, à une agression, l’homme normal va différer sa réaction spontanée d’agressivité ou de défense parce qu’il est capable de considérer les conséquences de son acte (car il est capable de réfléchir et donc de se projeter dans l’avenir pour voir les conséquences de son acte). Or, il y a des individus qui considèrent que le monde qui les entoure leur est hostile en permanence. Et puisqu’ils vivent ce monde comme étant hostile, ils vivent de profondes injustices en permanence (car chaque acte est vécu comme une agression). Par définition, ils vont réagir de manière agressive. Sans être forcément des criminels, ils révèlent des attitudes criminogènes. Ceux qui voient le monde comme leur étant hostile d’une manière permanente vont être plus facilement tentés de réagir à ce monde hostile d’une manière agressive. Et, petit à petit, ils vont changer de cadre de référence.
Le cadre de référence se transforme. La personnalité criminelle n’est pas quelque chose d’acquis dès le départ! C’est quelque chose qui se construit. Ils ont, au départ, un cadre de référence relativement commun à celui des autres personnes. Mais ce cadre se transforme car ces personnes se sentent en permanence agressées par les autres et ils vont, à partir de là, développer un nouveau cadre de référence, qui est une réponse à cette agression permanente.
Le nouveau cadre de référence va se construire par étapes :
- l’individu/la personnalité criminelle se désintéresse de plus en plus des conséquences des actes qu’il pose
- il y a aussi un désintérêt pour les autres (les victimes)
Ces deux points mènent à une transformation du moi, donc du cadre de référence. C’est ce nouveau cadre de référence que le clinicien doit découvrir.
De Greeff dira qu’il ne faut plus considérer le délinquant comme une personne qui se laisse aller mais comme une personne qui trouve dans ce comportement son meilleur équilibre (c’est d’ailleurs ce qui est grave).
L’individu criminel ne peut faire autrement. Son comportement est la solution la plus adéquate qu’il ait trouvé pour lui-même pour maintenir un équilibre interne. Le clinicien va devoir découvrir le cadre de référence du délinquant pour essayer de le comprendre et de travailler au dépassement de ce cadre de référence.
Jean Pinatel (1913-1999)
Pour lui, l’examen médico-psychologique est la clé de voûte de la criminologie.
Cet examen fournit les informations de base pour le traitement du délinquant en vue de sa réinsertion sociale.
Puisqu’il existe une personnalité criminelle, il s’agit de découvrir les traits psychologiques qui sous-tendent le passage à l’acte du délinquant.
L’octalogue de Pinatel :
la criminologie clinique étudie le passage à l’acte
le criminel se différencie du non-criminel parce qu’il a une aptitude particulière à passer à l’acte
cette aptitude est à relier avec la personnalité criminelle
cette personnalité criminelle, ce sont les traits psychologiques qui se différencient en un noyau dur et en variables
il y a un noyau central : l’égocentrisme, la labilité, l’agressivité et l’indifférence affective
le noyau central gouverne le passage à l’acte
les variables vont influencer les modalités d’exécutions de ce passage à l’acte
la personnalité criminelle est une structure dynamique (ce n’est pas une donnée)
Pinatel va étudier le noyau central :
- l’égocentrisme : référence continue à soi, non prise en compte de l’autre. Il dit : ‘un sujet égocentrique réagira à la frustration par la colère, la jalousie, l’envie. Il tend à rendre sa faute légitime en dévalorisant les autres et les lois. C’est la source de l’auto-légitimation (puisqu’il ne se sent pas coupable, il va recommencer).
- la labilité : c’est l’incapacité de prévoyance. Je n’arrive pas à savoir de quoi demain sera fait. Je vis au jour le jour. C’est le principe du plaisir qui domine celui de la réalité.
- l’agressivité : elle est due à la frustration. Elle est nécessaire au passage à l’acte. Elle est une source d’énergie soutenue.
- l’indifférence affective : consiste en une dévalorisation de l’autre, indifférence à l’égard de la victime et diminution de la victime. Si cette condition n’existe pas alors que les autres conditions sont remplies, il n’y aura pas passage à l’acte. Ce point est l’élément central du passage à l’acte et de la personnalité criminelle.
Récapitulatif :
On reste dans le déterminisme. Il y a une personnalité criminelle qui a des traits caractéristiques mais que l’on est quand même capable de changer (sinon le traitement ne servirait à rien). Ce n’est donc pas un déterminisme absolu. On peut soigner les criminels afin de les remettre sur un droit chemin.
Cet examen médico-psychologique qui, pour Pinatel, est la clé de voûte de la criminologie va réellement constituer un point de rencontre entre la criminologie des années 50 jusqu’aux années 70. Cette criminologie fait un examen médico-psychologique (qui est l’idéal de traitement et l’idéal de réhabilitation). Cet examen est utile dans le système pénal car les criminologues vont pouvoir dire aux juges qu’ils peuvent, grâce à celui-ci, identifier les vrais criminels des faux criminels et que l’on peut faire en sorte de les réhabiliter (en évitant qu’ils récidivent).
Le déterminisme sociologique
v l’école de Chicago (1915-1940)
On se trouve dans une approche sociologique de la déviance (en Europe, à la même époque, on est dans une approche psychologique de la délinquance).
Le concept central de cette première école de Chicago est la désorganisation sociale.
Pour les sociologues américains, le délinquant n’est pas déterminé dans son corps et/ou dans son âme mais bien en fonction de son inscription particulière dans le système social, dans la société.
C’est une école de sociologie urbaine. Cette sociologie est née à Chicago parce que, à cette époque, la ville était confrontée un certain nombre de transformations massives dans un laps de temps très court : une industrialisation énorme, une urbanisation croissante et une immigration importante. En 10 ans, la population de Chicago passe de 1 million à 5 millions. Cela provoque un certain nombre de désordres sociaux.
Les sociologues de l’école de Chicago vont donc particulièrement travailler sur la désorganisation sociale.
Notons qu’au 19ème siècle, le mouvement le plus important était l’eugénisme, et les sociologues de l’école de Chicago vont s’insurger contre ce genre de conception et vont aller chercher, dans les transformations sociales de Chicago, des explications au taux de délinquance auquel cette ville est confrontée.
La désorganisation sociale survient lorsque les individus sont confrontés à des changements très rapides (en gros, lorsque les conduites des individus ne correspondent plus aux valeurs collectives du groupe social auquel ils appartiennent).
La désorganisation sociale entraîne une perte d’influence des règles sociales sur l’individu et cela a deux conséquences :
- la déviance
- un mouvement vers une réorganisation
v Park et Burgess
Ils vont comparer la ville (avec ses habitants) à l’écologie animale, c’est-à-dire : comment différentes espèces cohabitent-elles ? Ils diront : dans la nature, il y a un ensemble d’espèces qui cohabitent les unes avec les autres dans une organisation assez symbiotique (la symbiose : chacun à sa place, les uns mangent les autres,…). On a affaire à une organisation qui fonctionne et, quand on introduit dans cette nature une nouvelle espèce, on a affaire à une désorganisation, c’est le désordre et, petit à petit, on retrouvera un nouvel équilibre, une nouvelle symbiose et une nouvelle organisation.
On postpose ce raisonnement tel quel aux nouveaux arrivants immigrés qui arrivent et désorganisent la société dans laquelle ils arrivent. Petit à petit, la ville va se réorganiser et trouver une nouvelle symbiose.
Vivre en société nécessite un minimum d’ordre et d’organisation sociale, sinon c’est l’anarchie. La symbiose sociale va se recréer à chaque fois avec les nouveaux éléments qui la composent et va permettre aux uns de vivre en harmonie avec les autres. La nouvelle symbiose est donc différente de l’ancienne puisque composée de nouveaux éléments.
v Shaw et Mc Kay
Le grand cercle représente Chicago. Ils constatent qu’il y a tranches différentes au sein de la population. Au centre de la ville : les gens n’y vivent pas mais viennent y travailler. Dans le premier quartier résidentiel, on trouve la classe moyenne. Dans le deuxième quartier résidentiel, on trouve la classe riche. Entre le centre-cille et le premier quartier résidentiel se trouve un autre quartier où viennent s’installer tous les nouveaux arrivants (principalement parce qu’ils n’ont pas accès aux autres quartiers). Ce sont des quartiers typiquement construits avec un habitat complètement détérioré où se mêle un ensemble de populations nouvellement arrivées et où l’on trouve un taux de délinquance très élevé. La population y est très mobile : dès que les gens ont les moyens de partir, ils partent. Mais le taux de délinquance reste le même. Ce n’est donc pas lié aux individus mais aux caractéristiques sociales de ces quartiers (car c’est là que le taux de délinquance reste le plus élevé). Ils vont également affirmer que les comportements déviants, qui sont liés entre autre au fait qu’il n’y a pas de contrôle social développé dans ces quartiers (puisque y habitent un ensemble de communautés qui se côtoient mais ne vivent pas réellement ensemble), sont positifs puisqu’ils permettent entre autre d’acquérir de la richesse qui permettra de changer de quartier dès que l’on sera assez riche. Ils voient ça comme un mode d’adaptation à des conditions sociales particulières, mode d’adaptation qu’ils voient d’une manière positive puisque c’est une manière de répondre adéquatement à des problèmes sociaux spécifiques.
v Trascher
Il adopte le même raisonnement en étudiant les gangs délinquants. Sa démarche est surtout qualitative. Il va étudier 1313 gangs (qui regroupent plus ou moins 25000 jeunes) dans les années 20.
Il remarque que les gangs se situent principalement dans la zone où le taux de délinquance est le plus élevé.
Pour lui, l’origine du gang est :
- spontanée : les jeunes se rencontrent dans la rue, traînent ensemble,… Ce n’est pas l’ethnie qui constitue le fondement du gang mais plutôt l’appartenance à un même pâté de maison
- territoriale : les membres du gang vont donc défendre leur territoire contre l’invasion d’intrus, d’autres gangs.
Il parle d’une sous-culture délinquante, qui a ses propres valeurs, ses propres règles et ses propres normes. Par exemple, dans un gang, le vol est vu comme une incitation sportive. Il s’agit donc bien d’une organisation sociale, et pas d’une désorganisation sociale! Cette organisation sociale est spontanée et se construit en marge de l’organisation sociale traditionnelle. C’est parce qu’ils se construisent en marge de l’organisation sociale traditionnelle que l’on voit ces gangs comme des groupes désorganisés, mais ils sont en fait très organisés. Les règles sont à respecter au sein du gang.
Ces formes de sociabilité sont cependant incompatibles avec le reste de la société (ses institutions, ses traditions, ses coutumes).
Trascher voit la déviance, qui est la clé de voûte des gangs, comme un mode d’adaptation remarquable car il y a une organisation dans la désorganisation.
Trascher considère cette désorganisation sociale comme une organisation sociale alternative. On aboutira, grâce à ça, aux théories culturalistes selon lesquelles chaque culture a sa propre organisation.
Notons bien que, dans ces théories du déterminisme sociologique, les délinquants ne sont pas considérés comme différents des autres personnes. Ils n’ont juste pas eu de chance dans la manière dont ils doivent composer avec les différentes dimensions de la société.
On est cependant bien dans une approche déterministe puisque l’on explique la délinquance par le fait que ces individus sont déterminés par leur vie sociale.
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